Axe 1. Identité de l’Union européenne et des organisations internationales : Gouvernance, Citoyenneté, Langage
L’axe consacré à l’identité de l’Union européenne et des organisations internationales structure les recherches autour de la gouvernance, la citoyenneté et le langage qui sont essentiels à une université inclusive, pour développer une analyse critique des politiques d’égalité tant en droit international que dans le droit de l’Union européenne. Il permet également de faire de l’université de Strasbourg un creuset de réflexion sur le sens de l’intégration européenne et de la communauté de valeurs des Etats parties au Conseil de l’Europeet membres de l’Union européenne
L’équipe de droit de l’Union européenne a une riche tradition de recherche en droit institutionnel de l’Union. Cette thématique demeure un des axes cardinaux de la recherche en droit européen sous l’appellation modernisée et plus englobante de « Gouvernance », laquelle désigne, en premier lieu, un processus décisionnel pluri-acteurs et pluri-échelles qui s’avère particulièrement adapté à l’étude du système constitutionnel européen, en intégrant le respect des valeurs de de liberté, de démocratie, d'égalité et d'État de droit. Cette orientation présente un intérêt sans cesse renouvelé dès lors qu’elle questionne les sujets au cœur de l’actualité, tels que les théories de l’intégration, les questions d’identités nationales/européennes et les défis liés au respect de l’État de droit. Ces questionnements sont saisis tout autant par l’équipe de droit international qui y apporte un angle d’approche différent, et éminemment complémentaire, avec d’autres organisations internationales que l’Union européenne. En second lieu, l’appellation de gouvernance intègre également l’étude de la gouvernance des politiques. Il s’agit ici d’apprécier le développement des politiques essentiellement économiques, aussi bien au niveau européen (marché intérieur, concurrence) qu’au niveau international (droit de l’OMC, droit des investissements)qui sont en constante mutation et représentent des marqueurs précieux des formes d’intégration ou de coopération qui peuvent s’établir entre États membres d’une organisation internationale.
Cette thématique serait incomplète sans densifier son étude sur les sujets de la gouvernance : les citoyens. À ce titre le développement d’une citoyenneté supranationale, non seulement bouscule les modèles étatiques, mais exprime aussi la relance de la construction européenne vers une Europe politique. Cette orientation invite ainsi s’intéresser sur le potentiel fédérateur ou non de la citoyenneté européenne, ses capacités à construire une identité européenne dans une Europe dépourvue de souveraineté et de peuple européen dans laquelle elle n’a vocation qu’à s’ajouter aux citoyennetés nationales sans les remplacer. Cette orientation amène à s’interroger plus généralement sur sa signification (citoyenneté de marché ou citoyenneté sociale), son effectivité porteuse de droits spécifiques (séjour, mobilité), politiques, mais aussi fondamentaux, elle peine encore à se dissocier d’une citoyenneté de marché, ce qui laisse ouverte la question du développement d’une Europe sociale. Cette thématique est particulièrement propice à des études interdisciplinaires en intégrant notamment la philosophie, la science-politique et l’histoire.
Si la gouvernance et la citoyenneté sont des orientations dans lesquelles les études de nos membres se sont déjà développées, le langage prend un relief particulier et novateur. Dans le prolongement de la pensée de Michel Foucault, toute la réflexion produite par les doctrines critiques du droit (tout comme par le poststructuralisme en philosophie politique) pense les catégories juridiques comme des outils de pouvoir, orientés et issus d’une histoire particulière. C’est pour cette raison que ces doctrines intègrent le linguistic turn et pensent le droit comme un langage structurant le pouvoir. Ainsi théorisé, le droit international et le droit de l’Union européenne sont des outils d’argumentation qui sont mobilisés afin d’assoir des idéologies et des projets politiques différents. Le droit des organisations internationales a par exemple été étudié comme cristallisant des pensées, comme codifiant la matérialité d’une certaine idéologie. L’équipe de droit international a vocation à développer ces pistes de recherche ; les chaires Jean Monnet sur les narratifs européens des frontières contribueront à interroger cette même thématique du point de vue des processus de frontiérisation à l’œuvre dans les espaces normatifs que sont le marché intérieur et l’espace de liberté, de sécurité et de justice ou enfin les espaces transfrontaliers.